L'accompagnement
des adolescents en crise
"Quand le terrain devient terreau et appui vers une transformation positive du vécu".
F. MARY-LEMAIRE
Le constat
Ces dernières années, les statistiques ont montré une augmentation constante de la maladie mentale infantile, avec un enfant sur cinq présentant des problèmes de santé mentale et une augmentation de plus de 37% de troubles d’anxiété et de dépression chez les adolescents.
Les tentatives de suicides quant à elles, pour la tranche des 10-14 ans, sont en augmentation de plus de 200%. La santé mentale est même érigée en cause nationale pour l’année 2025. C’est dire s’il y a urgence !
Parmi les causes incriminées, la crise du Covid marque un tournant dans l’accentuation des problématiques rencontrées chez les enfants et les adolescents avec une augmentation importante des états d’anxiété et de stress. Les états dépressifs, les tentatives de suicides et la multiplication des cas de déscolarisation post-crise sont en constantes augmentation. Cependant il existe d’autres facteurs qui ne sont pas à négliger.
En effet depuis plusieurs années, force est de constater parmi les facteurs à prendre en compte, la sur-stimulation psychique liée au « progrès technologique » : télévision, téléphone portable, jeux en ligne, réseaux sociaux… À cela nous pouvons ajouter la surabondance d’objets matériels, surcompensation constante de parents eux-mêmes émotionnellement indisponibles ; les enfants baignent dans des chambres toujours plus surchargées de jouets ; objets eux-mêmes tout aussi vite déballés et délaissés, à l’image du désœuvrement intérieur sous-jacent qui ourdit au sein des jeunes générations.
Les limites ne sont clairement plus définies. Les parents se veulent amis avant d’être parents engendrant également des inversions de responsabilité lorsque ces derniers eux-mêmes ne sont pas bien.
Ajoutons à cela le déséquilibre à la fois nutritionnel, le manque de sommeil réparateur avec des horaires irréguliers ; et voici tous les ingrédients d’une éducation permissive réunis pour forger insidieusement une catastrophe que l’on n’ose à peine nommer.
Nos adolescents et plus largement nos enfants manquent d’attention réelle, d’interactions sociales authentiques, de jeux créatifs. Les opportunités de jeux informels sont également devenues denrées rares. Le téléphone ou les jeux en ligne ont pris le relai. L’addiction à ces nouveaux modes de « pseudo-communications » et la sur-stimulation des sens notamment auditifs et visuels ne laisse plus de place aux espaces de temps pour l’ennui, nécessaire à une construction cérébrale saine permettant de traiter la sur-stimulation d’informations induite.
Ce qui se passe au sein des foyers rejaillit également au sein du milieu scolaire où le manque de concentration, la violence, le manque de respect et le harcèlement font désormais partie du quotidien.
Entre une prise de conscience face à l’urgence, des parents désemparés, le besoin d’accompagnement ; la surcharge, le manque de moyens et de place en service de pédopsychiatrie ; la mise en place d’accompagnements et la prévention prennent toute leur importance.
La médiation artistique
dans l'accompagnement
En complément des accompagnements conven-tionnels, la thérapie à médiation artistique offre un espace de respiration permettant à l’adolescent de retrouver confiance et de se reconstruire progressivement une image de soi.
En remettant du rythme par des exercices appropriés, amenant à vivre des métamorphoses successives, le thérapeute va aider l’adolescent à travailler sur ces moments de vie difficiles où les mots manquent pour exprimer les émotions douloureuses.
La thérapie à médiation artistique va permettre de contourner l’inhibition de la parole en utilisant les arts plastiques, différents outils et médiums (dessin de formes, dessin rythmique au petit trait noir et blanc, modelage thérapeutique), sans oublier l’écriture.
C’est une thérapie douce, respectueuse du rythme et des individualités de chaque adolescent.
Le parcours est personnalisé, même au sein des ateliers collectifs.
Que les accompagnements soient individuels ou collectifs (par petit groupe de 4 adolescents), ils permettent l’expression, l’identification, et l’acceptation des émotions et des ressentis, en amenant petit à petit à une métamorphose de ses états.
"Le terrain devient alors terreau et appui vers une transformation positive du vécu".
Florence MARY-LEMAIRE
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